1948 M.A.T.S. : Le « Monde Libre » sous Flight Simulator © Michel Lagneau 2011
Habituellement l’aviation militaire n’est pas ma tasse de thé, mais j’ai fait récemment une découverte sur le site www.timetableimages.com de Björn Larsson et David Zekria concernant le M.A.T.S. (Military Air Transport Service) qui me fait, à titre exceptionnel, déroger à cette règle. Je recommande fortement une visite du site de Larsson et Zekria, où les deux auteurs proposent un travail considérable de mémoire.
Garantie de sécurité et de paix pour les uns, outil d’expansion impérialiste pour les autres ; le Military Air Transport Service des forces armées des Etats Unis (M.A.T.S.) proposait en 1948 un fantastique réseau de lignes aériennes internationales, assuré par différents avions, notamment des quadrimoteurs à long rayon d’action, dont l’aviation civile ne disposait même pas à l’époque. Le deuxième conflit mondial s’était terminé trois ans auparavant et ce que souhaitaient ardemment les dirigeants nationaux socialistes allemands en 1944, s’était enfin produit, mais trop tard pour eux ; les Etats-Unis d’Amérique du Nord et l’Union Soviétique s’étaient retrouvés face à face en 1945 sur le théâtre d’opération européen, plus aucun ennemi commun à combattre mais une confrontation idéologique et politique majeure. En 1946, Winston Churchill (1874-1965) avait, pour la première fois, émis l’idée du « monde libre » (régimes démocratiques) face au système totalitaire en place en Union Soviétique et dans les pays communistes dénommée démocraties populaires et inféodées à l’URSS, avec un « rideau de fer » séparant les deux zones idéologiques (frontières géographiques hermétiquement closes). L’année suivante, l’homme d’état américain Bernard Baruch (1870-1965) énonce le principe de la guerre froide où les Etats Unis et l’Union Soviétique évitent l’affrontement direct au profit, tel qu’on le verra dans les décennies suivantes, d’interventions dans des conflits locaux, soutenant militairement l’un ou l’autre des belligérants (Guerres de Corée & du Vietnam).
Cette situation cessa en 1991, avec l’effondrement de l’URSS ; ceci dit, n’oublions pas que le « monde libre », cher à Churchill, toléra de nombreuses dictatures (notamment en Amérique du Sud) tant qu’elles affichaient un anti communisme clair et net, remparts freinant la propagation du marxisme léninisme. Revenons à présent au M.A.T.S et sa présentation par le Major Général de l’Armée de l’Air des Etats-Unis en charge de son commandement en 1948 ; bien que la signature soit difficilement lisible, l’identité de cet officier semble être Lawrence S. Kulin.
La Mission du M.A.T.S
L’une des conditions vitales de notre sécurité nationale consiste en la capacité de nos forces armées terrestres, aériennes et maritimes, d’intervenir rapidement et en toute sécurité à l’échelle mondiale.
C’est le rôle du « Military Air Transport Service » (M.A.T.S.), à l’aide de son réseau aérien mondial, d’accélérer pour le compte de l’état-major le transport et l’assistance de ses unités de combat, leurs équipements, le courrier et les personnels de soutien, ainsi que l’évacuation par air des blessés.
Grâce à sa propre organisation associée à celle des autres forces armée aériennes, le M.A.T.S. propose un système complet de transport aérien couvrant toute la planète. Sont inclus un réseau de communications radios, d’informations météorologiques, de sauvetages aériens et autres services divers. Hébergements, restauration, soins médicaux et envois d’instructions, tout ceci, ainsi que d’autres prestations essentielles au bon fonctionnement d’un trafic aérien, sont disponibles le long des lignes assurées par le M.A.T.S. D’autres autorités militaires proposent à certaines escales des possibilités de transport de passagers, ainsi que leur hébergement.
Effectivement opérationnel depuis le 1er juin 1948, le M.A.T.S. résulte de la fusion de deux célèbres services aériens : l’A.T.C. et le N.A.T.S. qui ont fait largement leurs preuves durant le deuxième conflit mondial. Cette solide expérience acquise dans le passé, ajoutée à la maîtrise des communications radios, de la météorologie et du sauvetage fait que le M.A.T.S assumera à l’avenir sa mission de transport aérien au service de l’état-major, et ce, où que cela s’avèrera nécessaire pour l’intérêt national.
Tout en traduisant ces propos, je me suis rendu compte que d’aucunes et d’aucuns y verront la preuve de la volonté impérialiste américaine ; d’autres resteront sur l’idée de garantie de paix et de sécurité dans le cadre d’un équilibre entre les deux blocs, Est & Ouest. A chacune et chacun son opinion en cette matière. Pour en revenir à l’aéronautique, force est de constater que le quadrimoteur Douglas C74 Globemaster était capable, si besoin était, de franchir l’atlantique Nord d’une seule traite jusqu’en Angleterre, gigantesque porte-avions américain ancré au large du continent européen, tel que constaté en juin 1944 lors du débarquement allié. L’aviation commerciale à la fin des années 1940 s’en tenait, entre l’Europe et les Etats Unis, à une traversée avec escales en Irlande ou au Royaume Uni et Terre Neuve au Canada. Le seul projet civil en 1949 annonçant une capacité de liaison directe, à savoir le quadrimoteur Bristol 167 Brabazon anglais, fut abandonné et envoyé à la ferraille en 1953 pour cause de non rentabilité prévisible ; aussi volumineux qu’un Boeing 767 actuel, il ne transportait au grand maximum qu’une centaine de passagers. Pour parfaire ce gâchis, l’unique prototype construit se contenta de quelques vols d’essai sans même, à ma connaissance, tenter une seule fois la traversée de l’Atlantique nord ! Ironie de l’histoire, le gigantesque hangar construit pour cet avion et la piste spécialement aménagée servirent 20 ans plus tard aux essais du prototype britannique du Concorde. Modélisation du Bristol 167 Brabazon par Jens B. Kristensen, fichier : brab_01.zip compatible FS 2004 (9) & X chez FlightSim.com.
Appareil conseillé : Quadrimoteur Douglas C74 Globemaster I (en service au sein du M.A.T.S. de 1948 à 1965) ; modélisation par Jens B. Kristensen, (livrée Military Air Transport Service « Atlantic Division » incluse) ; fichier : c74_v10.zip chez Flightsim.com (compatible FS2004 – fs9 & FS X). L’avion apparaîtra dans le simulateur (FS 2004) sous la référence C97 ???
GPS recommandé en complément de la navigation VOR/DME & ADF/NDB
L’adaptation sous Flight Simulator n’inclut pas toutes les escales mondiales mentionnées sur la carte de 1948, mais à l’aide de la plupart d’entre elles, le parcours ci-dessous met en évidence l’objectif énoncé plus haut par le Major Général Lawrence S. Kulin concourant, de plus et comme par hasard, à l’encerclement du bloc soviétique, notamment les « pays de l’Est européens » (voir 1958 Interflug) sans oublier une présence effective en Amérique du Sud, théâtre de guérillas communistes.
ETATS-UNIS (Etat de Virginie)
Washington (Ronald Reagan Natl KDCA) /130mn/ Norfolk – Oceana (Oceana NAS KNTU) /486mn
ETATS-UNIS (Etat de Floride)
Jacksonville (Jacksonville NAS KNIP) /1061mn
PORTO RICO
Aguadilla (Rafael Hernandez TJBQ) /926mn
PANAMA
Balboa (Howard AFB MPHO) /1084mn
TRINIDAD & TOBAGO
Port d’Espagne (Piarco Intl TTPP) /306mn
GUYANA
Georgetown (Cheddi Jagan Intl SYCJ) /1961mn
BRESIL
Rio de Janeiro (Galeao-Antonio C Jobim Intl SBGL) /1323mn/ Belem (Val de Caes SBBE) /2224mn
ROYAUME UNI / LES BERMUDES
Hamilton (Bermuda Intl TXKF) /698mn
ETATS-UNIS (Etat du Massachusetts)
Chicopee Falls – Springfield/Chicopee (Westover AFB Metropolitan KCEF) /140mn
ETATS-UNIS (Etat de New York)
Rome (Griffis KRME) /126mn
CANADA (Ontario)
Ottawa (Rockcliffe CYRO) /725mn
CANADA (Terre Neuve)
Stephenville CYJT /238mn/ Fort Pepperell – St John’s (St John’s Intl CYYT) /451mn/ Goose Bay CYYR /1545mn
CANADA (Nuvanut)
Cambridge Bay CYCB /385mn/ Resolute Bay CYRB /402mn
DANEMARK / GROENLAND
Thule (Thule AB BGTL) /657mn/ Sondre Stromfjord (Kangerlussuak BGSF) /377mn/ Narsarsuaq BGBW /1507mn
PORTUGAL / LES ACORES
Lajes (Lajes AB LPLA) /1521mn
ISLANDE
Keflavik BIKF /989mn
ROYAUME UNI
Lyneham (Lyneham AB EGDL) /237mn
FRANCE
Paris (Orly LFPO) /254mn
ALLEMAGNE
Francfort sur le Main EDDF /522mn
ITALIE
Rome (Ciampino LIRA) /536mn
LYBIE
Tripoli (Mitiga HLLM) /592mn
GRECE
Athènes (Hellinikon LGAT) /435mn
TURQUIE
Ankara (Etimesgut AB LTAD) /1199mn
ARABIE SAOUDITE
Dhahran (King Abdulaziz AB OEDR) /911mn
PAKISTAN
Karachi (Masroor AB OPMR) /588mn
INDE
New Delhi – Delhi (Indira Ghandi Intl VIDP) /708mn/ Calcutta - Kolkota (Netaji Subhash Chandra Bose I) /868mn
THAILANDE
Bangkok (Bangkok Intl VTBD) /1160mn
PHILIPPINES
Manille – Angeles City (Clark Intl RPLC) /959mn
CHINE
Shanghai (Pudong ZSPD) /315mn/ Tsing Tao – Quingdao (Liuting ZSQD) /708mn
En 1948, la Chine était encore accessible aux militaires américains soutenant le combat des Nationalistes de Tchang Kaï-Chek (1887-1975) contre les Communistes de Mao Tsé-toung (1893-1976). C’est l’année suivante que ce dernier, achevant sa « Longue Marche », unifia le pays sous la bannière rouge à étoiles jaunes et proclama la République Populaire de Chine. Les Nationalistes se réfugièrent à Formose, aujourd’hui Taiwan, île revendiquée depuis par la Chine continentale.
JAPON
Okinawa I (Futenma MCAS ROTM) /823mn/ Tokyo (Yokota AB RJTY) /436mn/ Sapporo (Chitose RJCJ) /1761mn
A ce stade il est possible de rejoindre directement les Aléoutiennes et l’Alaska, la ligne était prévue dans les documents du M.A.T.S de 1948.
Sapporo (Chitose RJCJ) /1422mn/ Shemya (Eareckson AS PASY)
On remarque que dans ce cas précis, les C74 américains se rapprochaient au plus près du territoire soviétique, précisément la Sibérie. Autre cas de figure, repartir de Sapporo vers :
ETATS UNIS (Ile de Guam)
Guam – Agana (Andersen AFB PGUA) /1374mn
ILES MARSHALL
Kwajalein (Bucholz AAF PKWA) /1413mn
ETATS-UNIS (Atoll Johnston)
Johnston I PJON /713mn
ETATS-UNIS (Etat d’Hawaï)
Honolulu (Ford Island NALF NPS) /2278mn
ETATS-UNIS (Etat d’Alaska)
Shemya (Eareckson AS PASY) /343mn/ Adak I PADK /1040mn/ Anchorage (Elmendorf AFB PAED) /218mn/ Fairbanks (Eielson AFB PAEI) /406mn
CANADA (Territoire du Yukon)
Whitehorse (Whitehorse Intl CYXY) /393mn
CANADA (Colombie-Britannique)
Fort Nelson CYYE /880mn
CANADA (Manitoba)
Churchill CYYQ /908mn
ETATS-UNIS (Etat du Montana)
Great Falls (Malmstrom AFB GFA) /459mn
ETATS-UNIS (Etat de Washington)
Tacoma (Mc Chord AFB KTCM) /509mn
ETATS-UNIS (Etat de Californie)
Sacramento (Sacramento Intl KSMF) /64mn/ Alameda (Alameda NAS NGZ) /339mn/ Riverside (March ARB KRIV) /61mn/ San Diego (Miramar MCAS/Mitsher KNKX) /548mn
ETATS-UNIS (Etat du Texas)
El Paso (El Paso Intl KELP) /427mn/ San Antonio (Lackland AFB Kelly Fld Annex KSKF) /367mn
ETATS-UNIS (Etat d’Oklahoma)
Oklahoma City (Tinker AFB KTIK) /464mn
ETATS-UNIS (Etat du Texas)
Corpus Christi (Corpus Christi NAS/Truax KNGP) /506mn
ETATS-UNIS (Etat d’Alabama)
Mobile (Mobile Regl KMOB) /264mn
ETATS-UNIS (Etat de Géorgie)
Macon (Middle Georgia Regl KMCN) /429mn
ETATS-UNIS (Etat de l’Ohio)
Dayton (Wright-Patterson AFB KFFO) /330mn
ETATS-UNIS (Etat de Virginie)
Washington (Ronald Reagan Natl KDCA)