1930-1941 Eurasia La Chine sous Flight Simulator – © Michel Lagneau 2010
Il s’agit là, sous une appellation pleine d’espoir, d’une compagnie aérienne méconnue. Mais laissons Robert Espérou, Historien de l’Aéronautique, lever le voile :
«
Eurasia est une compagnie sino-allemande créée par une convention signée entre Deutsche Luft Hansa et le gouvernement du Kuomintang le 21 février 1930. Deux-tiers des capitaux étaient chinois, la compagnie allemande avait la direction technique et la décision concernant les lignes à exploiter. Eurasia Aviation Corporation commença à voler le 31 mai avec deux Junkers W-33. L'idée était de relier l'Europe à la Chine à travers la Sibérie, grâce à une entreprise germano-soviétique, la Deruluft et la Dobrolet. Mais ça tourna mal, au milieu de la pagaille dans l'Empire du Milieu et la brouille entre les Soviétiques et le Kuomintang. Eurasia se consacra donc au réseau intérieur chinois avec uniquement du matériel Junkers : 2 F-13, 6 W -33, 6 W 34, 9 Ju 52 3m et 1 Ju 160. Tout s'arrêta le 2 juillet 1941, quand Chang Kai Chek rompit toute relation diplomatique avec les nazis.»
Robert Espérou est l’auteur de plusieurs ouvrages concernant l’aviation, dont « Histoire du Transport Aérien Français » (Pascal Galodé éditeurs).
Quelle épopée cela a dû être pour le personnel allemand sur place ; une aventure, où le choc des cultures a sans doute été marquant, voire plus important que pour les pilotes de l’Aéropostale française en Afrique du Nord, et Amérique du Sud. J’ai travaillé à partir de cartes et tracés aimablement fournis par Robert Espérou et résultant des travaux de Martin S. Best dans son ouvrage « The development of commercial aviation in China » ; ainsi qu’une brochure publicitaire d’époque trouvée sur le site
www.timetableimages.com de Björn Larsson et David Zekria. Je recommande fortement une visite de ce site, où les deux auteurs proposent un travail considérable de mémoire. Les deux cartes proposant les différents parcours d’Eurasia entre 1931 1937, j’ai choisi de regrouper les différents tracés en un vaste voyage à travers la Chine.
Voici, extrait de la plaquette Eurasia datant de 1937, les dispositions, in extenso, de cette compagnie en cas de blessures et décès dus à des accidents en vol ; j’attire l’attention des lectrices et lecteurs sur la partie soulignée par mes soins, j’en suis, à titre personnel, resté pantois…
1/
En cas de décès ou invalidité totale dus à un accident durant le vol, Eurasia Aviation Corporation paiera une indemnité de 10 000 dollars en devise chinoise en cours de validité. En cas de blessure due à un accident durant le vol, et provoquant une incapacité temporaire professionnelle, Eurasia Aviation Corporation participera, selon la gravité de la blessure, aux frais médicaux et d’hospitalisation (10 dollars par jour maximum). Eurasia Aviation Corporation ne peut, en aucun cas, être tenu responsable des blessures dont seraient victimes, durant le vol, des nourrissons de moins de 10 kilogrammes.2/
Les indemnisations prévues dans l’article précédent, seront établies uniquement en fonction des dispositions d’ Eurasia Aviation Corporation.Cette mention concernant les nourrissons de moins de 10 kilogrammes pose question ; serait-ce en raison de l’absence de dispositifs de sécurité à cette époque, ceintures ou autres et qui plus est, spécifiques à ces malheureux bambins ? Pire encore, humour noir juridique oblige, la forte natalité chinoise non réglementée dans les années 1930 ?
Mais fait-on mieux, de nos jours, à la suite de catastrophes aériennes ?... Bien évidemment oui, encore que certains témoignages des familles de victimes du vol Air France AF447, Rio-Paris début juin 2009 posent, pareillement, question en terme de gestion du drame humain. Ceci étant, que peut on faire, si ce n’est dire aux proches l’insoutenable vérité, tâche des plus difficiles, et ce, dans l’immédiat ou 48 à 72 heures plus tard.
Je débute ce périple de Hong Kong, point final de la ligne Air France de 1938 démarrant de Paris, plan de vol disponible sur ce site, et le termine au Vietnam, à Hanoi, ville étape mentionnée sur la carte Eurasia de 1937 en provenance de Kumming, et avant dernière escale de la ligne Air France. En conclusion, rien n’empêche de démarrer de Paris (Le Bourget), suivre la ligne Air France jusqu’à Hong Kong, puis d’effectuer ce vaste parcours en Chine. Une fois à Hanoi, repartir vers Paris grâce au tracé Air France. Motivant, non ? Bon courage le cas échéant…
Appareils conseillés : Pierino Primavesi, dans ses modélisations du trimoteur Junkers 52 a inclus la livrée Eurasia, fichier : ju52v60.zip chez FlightSim.com. D’autres choix sont bien évidemment possibles, d’autant plus que certaines distances issues du regroupement évoqué plus haut propres à la Chine, imposent des parcours hors du rayon d’action du Junkers 52.
GPS recommandé en complément de la navigation VOR/DME
Hong Kong (Hong Kong Intl VHHH) /64mn/ Canton – Guangzhou (Baiyun ZGGG) /300mn/ Changsha (Huanghua ZGHA) /382mn/ Chengchow - Zhengzhou (Xinheng ZHCC) /303mn/ Nankin – Nanjing (Lukou ZSNJ) /154mn/ Shanghai (Pudong ZSPD) /154mn/ Nankin – Nanjing (Lukou ZSNJ) /303mn/ Chengchow - Zhengzhou (Xinheng ZHCC) /252mn/ Sian – Xi’an (Xianyang ZLXY) /280mn/ Lanchow – Lanzhou (Zhongchuan ZLLL) /172mn/ Ningsia – Yinchuan survol de la ville (coordonnées : N 38 27 99 E 106 16 32 – VOR/DME Haute altitude : YNC 112.900 Mhz - Captation immédiate puisque destination située à moins de 190mn) /628mn/ Hami survol de la ville (coordonnées : N 42 49 78 E 93 30 60 – VOR/DME Basse altitude : HMI 115.100 Mhz - Distance minimale de captation : entre 65 & 55mn) /271mn/ Urumchi – Urumqi (Diwopu ZWWW) /1090mn Suiyang – Hohot (Baita ZBHH) /223mn/ Pékin – Beijing (Beijing Capital ZBAA) /231mn/ Taiyuan (Wusu ZBYN) /203mn/ Chengchow - Zhengzhou (Xinheng ZHCC) /252mn/ Sian – Xi’an (Xianyang ZLXY) /335mn/ Chengtu – Chengdu (Shuangliu ZUUU) /341mn/ Kumming (Wujiaba ZPPP) /283mn
VIETNAM
Hanoi (Noibai Intl VVNB)
Autorisation de diffusion du plan de vol par son auteur Michel Lagneau en date du 15 mars 2013